[Épinal, France]

Images sur les murs, de Bessans à Pont-Aven

Musée de l’Image
42, quai Dogneville
88000 Épinal, France

1 décembre 2018 – 29 septembre 2019

Le Musée de l’Image à Épinal conserve 100 000 images dites populaires du XVIIe au XXIe siècle. Les expositions de ces quinze dernières années et les vingt-cinq catalogues édités par le musée ont montré combien ces images sont variées et comment elles dressent le portrait des sociétés successives qui les ont éditées.

Cependant, des questions n’ont pas encore fait l’objet d’un travail spécifique: comment ces images populaires étaient-elles fixées sur les murs des habitations et quelles étaient les motivations qui animaient ceux qui les accrochaient dans leur espace de vie ?

Questions difficiles puisque ces images, par essence bon marché et peu précieuses, ont souvent été détruites lors des réaménagements successifs des maisons. C’est le prêt d’une cloison de bois collectée par le Musée Savoisien de Chambéry à Bessans en Haute-Maurienne qui donne au MIE l’occasion de s’intéresser à ce sujet.

Oubliées à l’étage d’une maison abandonnée, les soixante images collées sur cette cloison datent du tout début du XVIIe siècle jusqu’au début du XIXe siècle.

Pierre-Edouard Frère, Les images [détail] lithographie extraite du recueil Les expositions de Paris. Salon de 1857, textes de Théophile Gautier, Paris, 1859, Coll. Musée départemental d’Art ancien et contemporain, Épinal © Musée de l’Image | Ville d’Épinal / cliché H. Rouyer

Cette découverte fût exceptionnelle. Chaque image présente sur cette paroi n’est connue qu’à un seul exemplaire.

On voit là éclore l’image religieuse de grande diffusion et l’image du pouvoir. S’esquisse l’histoire du duché de Savoie, des premières résistances à la religion réformée, des relations commerciales et religieuses de chaque côté des Alpes…

Si les premières constatations sont savoyardes – la recherche est menée avec Sébastien Gosselin, conservateur au Musée savoisien, l’exposition poursuit son voyage dans d’autres régions françaises et à d’autres périodes.

Ainsi, elle s’intéresse aux images d’Épinal éditées en 1830 à la gloire de Napoléon et accrochées au mur par les vieux soldats, idolâtres de leur empereur…

L’exposition se prolonge aussi jusqu’à Écouen au nord de Paris, où une colonie d’artistes menés par Pierre-Édouard Frère choisit comme sujet la vie à la campagne : leurs peintures de genre montrent l’intérieur des maisons décorés d’images « d’Épinal » collées aux murs…

Le voyage prend fin en Bretagne à la fin du XIXe siècle lorsque des peintres comme Émile Bernard, Charles Filiger ou même Paul Gauguin, s’inspirent des images populaires qu’ils voient encore dans ces contrées éloignées pour trouver de nouveaux sujets et pourquoi pas, les aider à « inventer » le cloisonnisme…

La production de ces images destinées à être accrochées au mur s’est peu à peu tarie au cours du XIXe siècle pour laisser la place, avec la lithographie, aux images à lire, en feuille ou bien en albums…

Mais les images au mur, peintes ou racontées par des écrivains, restent encore dans bien des mémoires…

Cloison de la Maison Tracq [détail] Saint Jean-Baptiste, gravure sur bois, 44,4 x 31.2 cm. Coll. Musée savoisien, Chambéry © Musée de l’Image | Ville d’Épinal / cliché H. Rouyer

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