Pourquoi faisons-nous des musées de l’imprimerie ?
La conférence annuelle de l’AEPM a été organisée par l’Atelier-Musée de l’imprimerie à Malesherbes, en France du 5-7 mai.
Les intervenants
Dorothee Ader, directrice du Klingspor Museum, Offenbach (Allemagne) // Olivier Deloignon, ancien imprimeur, professeur d’histoire du livre et de la typographie, Haute école des arts du Rhin, Mulhouse et Strasbourg (France) // Alan Marshall, historien de l’imprimerie (France) // May Tove Nyrud, Subject Specialist du Norsk Grafisk Museum, Stavanger (Norvège) // Jean-Marc Providence, directeur de l’Atelier-Musée de l’imprimerie, Malesherbes (France) // Stefan Soltek, président de l’AEPM, Offenbach (Germany) // Michel Wlassikoff, historien du design graphique, commissaire d’exhibition (France)
Autres participants
Jean-Paul Deschamps, typographe, anciennement de l’Imprimerie nationale, Paris (France) // Drew Luan Matott, artiste, directeur du Peace Paper Project, New York (Etats-Unis) et Hamburg (Allemagne) // Frédéric Tachot, , typographe, fondareur de l’association Format typographique, Saran (France)
La traduction simultanée sera assurée pour le français et l’anglais.
Programme
Jeudi 5 mai 2022
Arrivée et inscription à l’Atelier-Musée de l’imprimerie (A-Mi)
16:30 – 18:00
Visite de l’imprimerie Maury à Manchecourt, spécialisée dans la production industriels de magazines.
18:30 – 20:00
Présentation des collections et des expositions de l’A-Mi
Quelques mots de bienvenue…
Jean-Paul Maury, co-fondateur avec son épouse Chantal de l’Atelier-Musée de l’imprimerie.
Jean-Marc Providence, directeur du Musée.
20:00 – 22:00
Buffet-dînatoire dans l’espace événementiel du Musée
22h00
Vendredi 6 mai 2022
9:00
Stefan Soltek
Introduction
Stefan Soltek est président de l’AEPM et ancien directeur du Klingspor Museum, Offenbach, Allemagne.
9:10 – 09.35
Jean-Marc Providence
La transmission et le risque de la transdisciplinarité
Jean-Marc Providence examinera comment les musées de l’imprimerie font appel à différentes disciplines—histoire technique et industrielle, histoire des arts graphiques et de la communication, histoire culturelle, histoire sociale, etc.—mais aussi à l’histoire de l’imprimerie, du livre, de la presse et de l’imprimé. Comment toutes ces histoires s’entremêlent-elles, comment se tissent-elles entre elles ? Comment jouer avec l’échelle des histoires, de la micro-histoire à la grande histoire ? Comment combiner panorama historique et détails microscopiques ? Comment intégrer la dimension des savoir-faire et des pratiques ? L’exemple du Musée-Atelier de l’imprimerie fournira des exemples de transdisciplinarité à l’œuvre dans la narration du temps lorsqu’on écrit l’histoire des futurs du passé.
Jean-Marc Providence est le directeur de Atelier-Musée de l’imprimerie, Malesherbes, France. Il a travaillé à la conception de plusieurs musées et expositions en France et à l’étranger, dont les Pavillons français de Lisbonne, Hanovre, Aichi, Saragosse, le Science Adventure Parc en Belgique, et les musées scientifiques de Caracas et Moscou. En tant que chef du département des expositions à la Cité des Sciences et de l’industrie, il s’est spécialisé dans la réalisation d’expositions scientifiques et techniques, et a également été à l’origine de la création du COMPA – Conservatoire de l’Agriculture, Chartres, France. Il a également enseigné la politique culturelle à l’Université d’Orléans et est membre de la commission ‘Musée de France’.
09:35 – 10.00
Alan Marshall
Angles morts ou nouvelles perspectives ?
Cela fait plus de cent cinquante ans que l’on crée des musées de l’imprimerie, un processus qui s’est fortement accéléré à partir des années soixante avec la disparition de la typographie et de la lithographie sur pierre, et avec la création de nombreux autres types de musées consacrés au patrimoine graphique. Malgré cette activité de plus en plus frénétique, de nombreux aspects du patrimoine graphique sont restés largement inexplorés ou ont été étudiés de manière fragmentaire. Pour compliquer encore les choses, l’imprimerie a elle-même considérablement évolué depuis la Seconde Guerre mondiale, au point de remettre en question la notion même de production graphique et la place de l’imprimé au sein des industries de la communication, en constante expansion et hégémoniques, dont il n’est plus qu’un aspect. Aujourd’hui, seule une poignée de musées se sont confrontés aux innombrables questions soulevées par l’irruption de l’électronique et des technologies numériques dans les industries graphiques depuis les années 1960. Peu de tentatives ont été faites dans les récits des musées pour aborder et explorer l’extraordinaire éventail de modes de production, de distribution et de consommation qui caractérisent aujourd’hui la production graphique. Et peu de collections de musées sont suffisamment étendues pour couvrir toute la gamme de la production graphique, du canon du « grand design » aux objets graphiques quotidiens les plus modestes. Angles morts ou nouvelles perspectives ?
Alan Marshall a travaillé pendant vingt ans dans l’imprimerie et l’édition. Au cours de la préparation d’une thèse de doctorat sur les débuts de la photocomposition, il a entamé ce qui s’est avéré être une longue collaboration avec le Musée de l’imprimerie de Lyon, qui, au moment de sa retraite, était devenu le Musée de l’imprimerie et de la communication graphique. Il a été président de l’AEPM et a écrit de nombreux articles et ouvrages sur divers aspects de l’imprimerie, de la communication graphique et du patrimoine graphique des XIXe et XXe siècles.
10:00 – 10:30
Pause café
10:30 – 11.00
May Tove Nyrud
Repenser le Musée norvégien de l’imprimerie
L’installation muséale IDDIS a ouvert ses portes à Stavanger à l’automne 2021 avec de nouvelles expositions pour le Musée norvégien de l’imprimerie dans un nouveau bâtiment relié au Musée norvégien de la conserverie qui était déjà présent sur le site et qui a également bénéficié d’une transformation majeure avant l’ouverture. Ensemble, les deux musées présentent le passé industriel de l’imprimerie et sa relation avec l’industrie des conserves de brisling (petit hareng) de la ville.
May Tove Nyrud se penchera sur les questions qui se posent lorsqu’on élabore un récit en association avec un autre musée, lorsqu’on raconte une histoire basée sur deux thèmes complémentaires, l’histoire locale de l’imprimerie et l’industrie de la conserverie, avec leurs machines et leurs produits. Comment présenter un sujet peu traité et valoriser l’aspect graphique des produits imprimés quotidiens d’une industrie vitale? Comment redéfinir la muséographie, construire un lien entre les expositions permanentes et temporaires et les approches de la médiation?
May Tove Nyrud est la Subject Specialist du Musée norvégien de l’imprimerie depuis 2009, et a été le chef de projet des nouvelles expositions sur l’imprimerie dans le musée IDDIS. Avant d’obtenir un master en études culturelles interdisciplinaires, elle a travaillé comme directrice du musée Gamvik, dans le nord de la Norvège, et comme conseillère et responsable de collection au département d’histoire culturelle du musée de Stavanger.
11:00 – 12:00
Activités pratiques et discussions dans le musée
Typographie et patrimoine
Discussion/démonstration de la composition manuelle et de l’impression typographique avec un médiateur du musée ou un membre de l’association ARTEGRAF, ou bien
Visite de l’Atelier-école avec des membres de l’association ARTEGRAF.
Le papier et ses possibilités créatives, étape 1. Discussion/démonstration avec Drew Matott
Drew Luan Matott est un artiste-papier militant et directeur du Peace Paper Project, une initiative artistique communautaire internationale qui utilise la fabrication traditionnelle du papier comme une forme de thérapie des traumatismes, d’engagement social et d’activisme communautaire.
12:00 – 14:00
Pause déjeuner
14:00 – 14:30
Michel Wlassikoff
L’histoire du graphisme dans les musées
A partir de quelques exemples historiques remarquables, Michel Wlassikoff proposera une réflexion sur l’importance des interventions graphiques dans le cadre d’institutions culturelles, des principes de l’identité visuelle jusqu’aux parcours d’expositions : depuis les préceptes de Herbert Bayer lors de l’exposition du Werkbund à Paris, en 1930, jusqu’aux solutions du studio de Valence pour la rétrospective Dada au Centre Pompidou en 2004, en passant par les travaux de Visuel design Jean Widmer pour le Centre de création industrielle (CCI), le Centre Pompidou ou le musée d’Orsay.
Michel Wlassikoff est historien du graphisme et commissaire d’exposition. Il est l’auteur d’une histoire du graphisme en France qui fait autorité (Histoire du graphisme en France, Arts Décoratifs Ucad, 2021) et collabore actuellement avec l’Atelier-Musée de l’imprimerie à la conception de sa prochaine exposition consacrée au typographe-designer Marcel Jacno.
14:30 – 15:00
Dr Dorothee Ader
Au-delà de l’archive, ou comment regarder plus loin que le bout de notre nez
En tant que musée du livre et de l’art typographique moderne et contemporain, le Klingspor Museum s’intéresse principalement aux produits de l’imprimerie à partir de 1900. Les espaces d’exposition sont complétés par un atelier d’impression et par les archives de la fonderie Gebr. Klingspor (Offenbach), qui constituent une partie essentielle de la collection. Beaucoup de papier, que le personnel du musée préserve soigneusement, recherche, expose et développe. Les historiens de l’art, les spécialistes du livre et les bibliothécaires manipulent cette collection au quotidien dans le musée. Mais comment la société au sens large profite-t-elle réellement de ces objets ? Quel est l’intérêt, par exemple, pour les enfants et les jeunes d’aujourd’hui de manipuler des techniques d’impression dépassées ou de regarder l’art du livre ? Que peuvent apporter ces objets aux questions urgentes de notre époque ? Suffit-il de nommer les objets culturels en tant qu’objets qui déterminent nos identités ou ne faut-il pas plutôt veiller constamment à ce qu’ils fassent l’objet de nouvelles utilisations et offrent de nouveaux modes d’accès au fil du temps ?
Les activités éducatives du Musée Klingspor offrent des réponses à ces questions qui sont testées dans un contexte pratique. En particulier, un projet actuel de numérisation des spécimens de caractères et des dessins de la fonderie Gebr. Klingspor est un outil de conception participative. Ce faisant, il a soulevé de nombreuses questions sur l’image de soi du travail des musées. Dans sa conférence, le Dr Dorothee Ader regardera plus loin que le bout de son nez et ouvrira des perspectives possibles sur l’évolution du travail muséal.
Dr. Dorothee Ader a été nommée directrice du musée Klingspor à Offenbach (Allemagne) en décembre 2021. Dans le cadre de ses études de littérature allemande et de bibliographie à l’université Johannes Gutenberg de Mayence, elle s’est intéressée à la production de livres médiévaux et a rédigé sa thèse de doctorat sur un volume imprimé de ‘Tristrant’ datant des 15e et 16e siècles. Elle s’est orientée vers la pratique muséale grâce à sa longue expérience dans l’éducation muséale pour le musée Gutenberg de Mayence et son atelier d’impression et le musée des Nibelungen de Worms, entre autres. Depuis 2013, elle travaille au Musée Klingspor d’Offenbach en tant que conservatrice et s’occupe de la pratique des expositions et des programmes éducatifs. Le musée en tant que lieu social est une idée centrale de son travail au Klingspor Museum.
15:00 – 15:30
Pause café
16:00 – 16:30
Olivier Deloignon
Publier l’Imprimerie nationale
Regards sur une stratégie éditoriale dans le domaine du patrimoine graphique : comment des publications variées racontent une histoire de l’imprimerie et comment elles se combinent pour raconter une histoire aux multiples facettes.
Olivier Deloignon est docteur en histoire de l’art et en typographie, professeur d’histoire à l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg, et ancien typographe. Il est l’éditeur de la collection Imprimerie Nationale aux éditions Actes Sud.
Soirée
Dîner au Château d’Augerville
Samedi, 7 mai 2022
09:00 – 10:15
Assemblée générale annuelle de l’Association of European Printing Museums
Bien que l’assemblée générale annuelle soit, à proprement parler, réservée aux seuls membres de l’AEPM, les non-membres sont encouragés à y assister (sans droit de vote) car elle offre une excellente occasion de découvrir les différentes activités de l’Association et, pourquoi pas, de s’y impliquer.
10:15 – 11:15
Brèves communications et nouvelles des musées membres et discussion de clôture
Intervenants:
- Pressemuseet Fjeld-Ljoms Venner, Norvège (Jan Erik Øvergård)
- Cheong’ju Early Printing Museum, Cheong’ju, Corée du Sud (Sonya Yang)
- Kunstprenteverket, Norvège (Knut Ketil Oftedahl)
- Espace Européan Gutenberg, Strasbourg, France
- Maison de l’imprimerie de Rebais, France (Jacques Driot)
11:15 – 12:15
Ateliers et visites thématiques dans l’A-Mi
Discussions autour de démonstrations de la Linotype et de la Monotype
avec Frédéric Tachot (fondateur de Format typpographique) et Jean-Paul Deschamps (ancien typographe de l’Imprimerie nationale).
Le papier et ses possibilités de création, étape 2. Discussion/démonstration
Avec Drew Matott, artiste-papier militant et directeur du Peace Paper Project, une initiative artistique communautaire internationale qui utilise la fabrication traditionnelle du papier comme une forme de thérapie des traumatismes, d’engagement social et d’activisme sur le terrain.
12:15 – 13:30
Buffet dans l’espace événementiel de l’AM-i.
Après-midi
Visite de la bibliothèque patrimoniale du château de Fontainebleau
Les collections de cette prestigieuse bibliothèque, créée à l’instigation de Napoléon Ier, couvrent du XVIe au XIXe siècle.